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L’OPERETTE ?… C’EST LA FÊTE !

Quiconque s’aventure aujourd’hui à parler de l’opérette ou à manifester son intérêt pour ce genre musical prend le risque de voir s’allumer une nuance de commisération, d’ironie voire de franche moquerie dans le regard de certains de ses interlocuteurs. Pourquoi ?

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Jugée désuète et même « ringarde », l’opérette est surtout victime de l’ignorance et de préjugés assez largement répandus alors que depuis quelques années elle trouve de nouveaux publics et parvient à changer son image au travers, notamment, du succès des comédies musicales. Pour lever une bonne part de ces réticences, peut-être faudrait-il commencer par expliciter le contenu du mot « opérette » …

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Le mot et la chose

Si l’étymologie (diminutif d’opéra dont la paternité est attribuée à Mozart) est transparente, il n’en est pas toujours de même avec la signification du terme. En effet, il désigne de manière un peu vague un « genre musical, mêlant comédie, chant et généralement danse » (Wikipédia) d’où la nécessité, si l’on veut être plus précis, d’ajouter que l’opérette se distingue de l’opéra-comique (ou opéra bouffe) par l’utilisation de musique dite « légère » par opposition à la « musique savante » et par un dénouement forcément « heureux ». l faut noter que de nombreux compositeurs ( Offenbach, Hervé, Ganne, …) ont jonglé avec les termes préférant souvent celui d’opéra-comique à celui d’opérette ; ce n’est qu’à partir de l’entre-deux-guerres que le mot « opérette » s’impose pour vanter les mérites d’un genre en plein renouveau après 1918 bien que déjà concurrencé par un spectacle musical très proche : la « comédie musicale » d’origine américaine.

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Ainsi, les traits distinctifs de l’opérette (la musique « légère » et le dénouement systématiquement « heureux ») ont pu donner lieu à des appréciations divergentes ; pour les uns, c’est un sous-genre destiné à distraire un public peu mélomane, pour d’autre, c’est un spectacle complet dont la tonalité comique renvoie à une large partie du patrimoine théâtral (des « jeux » médiévaux au vaudeville en passant par la comédie). En fait, si l’on est tant soit peu de bonne foi, on ne peut guère soutenir que cette musique dite »légère » soit synonyme de musique simpliste (pensons aux œuvres d’Offenbach !) et qu’un « happy end » masque obligatoirement l’arrière-plan social, moral voire politique de beaucoup d’œuvres (combien d’opérettes ne sont-elles pas en réalité des satires parfois féroces des comportements d’une certaine bourgeoisie ?)

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L’image et la réalité

C’est essentiellement par la presse écrite que l’image ambivalente de l’opérette s’est développée dans le public depuis le milieu du 19°siècle. Au début de cette période, nombre de critiques musicaux ou d’intellectuels s’intéressent par exemple à l’œuvre d’Offenbach et la majorité des journaux consacrent des articles à un genre considéré alors comme un divertissement tout à fait légitime. Dans l’entre –deux-guerres, le nombre de publications s’accroît et les reportages sur les coulisses de l’opérette se multiplient : auteurs, compositeurs, décorateurs, couturiers célèbres ou vedettes reconnues font l’objet d’articles très fouillés dont le contenu est le plus souvent favorable. Néanmoins, quelques voix s’élèvent, notamment après la fin de la seconde guerre mondiale, pour dénoncer certaines facilités ou certains stéréotypes rencontrés dans les spectacles de qualité discutable si bien que les « intellectuels » vont désormais se désintéresser voire se gausser de l’opérette. Par conséquent, depuis la fin des années cinquante ;

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Le public a de plus en plus tendance à se fragmenter dans la mesure où l’opérette est progressivement écartée du répertoire culturellement valorisé de l’opéra « sérieux »…

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S’agit-il d’une évolution irrépressible ? A l’évidence la réponse est non si l’on en juge par le changement d’image opéré par ce type de spectacle au cours de la décennie 2000. Pourquoi ? Tout d’abord, de talentueux metteurs en scène comme Jérôme Savary ont largement dépoussiéré le genre et de nouveaux directeurs forts perspicaces nommés à la tête des salles spécialisées ont su proposer des programmations rencontrant un large succès. Ensuite, le dynamisme et le renouveau de la comédie musicale française ou d’origine anglo-saxonne attirant un nouveau public ont également contribué au retour de l’opérette sur le devant de la scène  si bien que les deux genres arrivent peu à peu à se fondre dans ce que l’on appelle désormais le « théâtre musical ». Il faut noter enfin le rôle de la province dans ce renouveau grâce à la programmation des scènes lyriques et celle de nombreux festivals d’été.

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Aujourd’hui, tout est donc en place pour que nous puissions surmonter des préjugés ridicules et participer au renouveau et à l’épanouissement de ce genre musical. Faisons-le non seulement en assistant aux spectacles proposés aussi bien à proximité de notre domicile que sur la route de nos vacances, mais aussi, pourquoi pas, en poussant la porte d’une association d’amateurs vous proposant de participer à la création d’un spectacle musical ?LDSC 0059

Laissons notre timidité au vestiaire, osons chanter, danser, jouer, concevoir des décors, dessiner des costumes et partager le plaisir de créer dans la joie et la bonne humeur tout en bénéficiant d’une thérapie anti-stress imparable !

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Dans notre monde parfois si déroutant et si désespérant, n’est-il pas devenu urgent de faire la fête ?

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Jean Pierre R.

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